(Sources Nina JIDEJIAN : L'Histoire du Liban à travers les images)
Le Temple d'Eshmoun est situé à
moins d'une heure de Beyrouth, à 1 km de Sidon, au bord du fleuve al-Awwali,
dans un jardin verdoyant qui a donné son nom à l'endroit, " Boustan
ach-Cheikh ". Qu'on le visite au printemps, au moment ou l'air est chargé
des parfums exquis des citronniers ou qu'on le visite à l'automne lorsque
les fruits ont atteint leur maturité, eshmoun offre quelque chose de
particulier.
Ce complexe religieux dédié au dieu guérisseur Eshmoun est l'unique site
phénicien au Liban qui conserve encore plus que ses pierres de fondation. Sa
construction débutera certes vers la fin du 7ème siècle av. J.-C., mais l'on
continua à le restaurer et à lui ajouter de nouvelles structures au cours
des siècles suivants. De sorte qu'' côté des éléments datant de l'époque
phénicienne proprement dite, de nombreux autres appartiennent aux époques
ultérieures, comme la colonnade, les mosaïques et le nymphée d'époque
romaine, ou les fondations d'une église byzantine, témoignant de la ferveur
dont le site jouissait par delà les divergences des croyances.
La visite du site d'Eshmoun peut être programmée en même temps que la visite
de Sidon, bien qu'elle mérite d'être effectuée pour elle-même. Le visiteur
curieux trouverait en effet de quoi remplir plusieurs heures à explorer
cette station d'eau de l'époque phénicienne.
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D'après la légende, Eshmoun
aurait été un jeune homme originaire de Beyrouth qui aimait s'adonner aux
plaisirs de la chasse. Un jour, Astronoé (Astarté) tombe amoureuse de lui.
Pour échapper à ses avances, le jeune héros se mutile et meurt. Astronoé le
ramène alors à la vie ou il mène seul son destin divin. Il est aussi dit que
le village de Qabr Chmoun, près de Beyrouth, conserve jusqu'à nos jours le
souvenir de la tombe du dieu.
Connu d'abord comme un dieu guérisseur, Eshmoun joua aussi, par sa mort et
sa résurrection, le rôle d'une divinité de la fertilité et de la végétation
qui meurt et renaît chaque année.
En tant que dieu guérisseur, Eshmoun était identifié avec Asklépios-Esculape,
le dieu gréco-romain de la médecine et avait, de ce fait, des rapports
étroits avec les serpents qui jouaient un rôle important dans ses
sanctuaires de Grèce. C'est d'ailleurs de ces rapports que dérive le symbole
de l'art médical, encore en usage de nos jours : deux serpents enroulés
autour d'un bâton.
Le caducée figure en effet sur une plaque en or trouvée près du temple d'Eshmoun.
Elle représente la déesse de la santé, Hygie, et le dieu Eshmoun tenant dans
la main droite un bâton autour duquel s'enroule un serpent. Des monnaies
d'époque romaine émises à Beyrouth montrent de même Eshmoun debout entre
deux serpents.
Comme chaque cité phénicienne avait ses propres dieux, Eshmoun était l'un
des dieux les plus en faveur à Sidon. Le site de son temple dût être fixé à
cet endroit à cause de la proximité d'une source dont l'eau était
indispensable aux bains rituels. Et comme il était d'usage d'offrir au dieu
des statues inscrites au nom des personnes venues chercher auprès de lui la
guérison, l'on conçoit aisément que de nombreuses statues de ce type aient
été découvertes dans le temple. Le fait aussi que la plupart de ces statues
représentent des enfants, semble attester qu'Eshmoun était considéré comme
un spécialiste des maladies infantiles.
Au cours de l'époque perse, entre le 6ème et le 4ème siècle av. J.-C., Sidon était la principale ville de Phénicie et se distinguait par l'opulence de ses monarques, la culture de ses élites et le prestige de son industrie. Les Perses tenaient ses rois en grande estime et les comblaient de récompenses pour la participation active de la flotte sidonienne à leur côté au cours des guerres qui les opposés aux Égyptiens et aux Grecs. C'est donc au cours de cette époque qu'Echmounazar II, fils du roi Tabnit I, était monté sur le trône. L'inscription gravée sur son sarcophage qui fut découvert en 1858 et aujourd'hui au Musée du Louvre, nous apprend qu'avec sa mère Amachtart, il avait construit des temples aux dieux de Sidon, dont un au dieu saint " Eshmoun à la source de Ydlal, près de la citerne ".
Le temple d'Eshmoun construit par Echmounazar II et connu depuis par les fouilles de Boustan ach-Cheikh fut détruit vers le milieu du 4ème siècle av. J.-C. Et bien qu'il ne fut jamais reconstruit dans son ensemble, on restaura certaines de ses structures, chapelles et piscines. Quant au site lui-même il continua d'être fréquenté jusqu'à la fin du 3ème siècle de notre ère.
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Les vestiges les plus impressionnants du site d'Eshmoun sont sans conteste ceux du temple ou mieux du complexe cultuel(1-9).L'on peut du reste se faire une idée globale de ce complexe en escaladant l'escalier romain recouvert de mosaïque(13).
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L'approche du temple se fait par la voie romaine à portiques(10).
A main droite se trouve un grand chapiteau sculpté de protomes de taureaux(12) datés de l'époque perse. Au cours d'une époque ultérieure, il avait été placé à cet endroit dans un tabernacle construit dans la cour du temple.
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La partie la plus ancienne du complexe d'Eshmoun est représenté par les vestiges d'un soubassement de forme pyramidale dont il subsiste une courte volée de marche et un mur(1). Ce monument daté du 6ème siècle av. J.-C. appartient à l'époque au cours de laquelle les Cités-Etats de la Phénicie étaient sous la domination politique et culturelle de Babylone.
Quant au podium monumental(2), il appartient au temple construit par Echmounazar au cours du 5ème siècle avant l'ère chrétienne et qui fut probablement agrandi par le roi Bodashtart dont les inscriptions sont encore visibles sur l'un des blocs de son puissant mur de soutènement.
Un savant système de canalisation(3) amenait l'eau de la source vers toute une série de bassins qui servaient aux ablutions rituelles ou à l'immersion des malades(4,5,6,9,11).
Un autre temple fut ajouté au complexe vers le 3ème siècle av. J.-C., dont il subsiste une frise sculptée représentant des scènes de culte, de chasse et de jeux d'enfants(7).
Près de l'angle Nord-Ouest de ce temple se trouvent les restes d'un sanctuaire dédié à Astarté datant également de l'époque hellénistique(8). A l'intérieur de cette structure de 11m x 10m se trouve un trône flanqué de deux sphinx et désigné généralement comme un " trône d'Astarté ". Ce trône est placé sur un bloc de pierre orné de la gorge égyptienne. Une frise, malheureusement très mutilée, sculptée de scènes de chasse court le long du mur.
Une autre salle couverte de mosaïque et gardée par deux sphinx aujourd'hui acéphales fut ajoutée au complexe à une époque tardive. Une inscription date cette partie de 335 de notre ère.
Au Nord-Ouest du bassin attenant au Trône d'Astarté se trouve une frise sculptée de 22 m de long, représentant des personnages ivres et un autre qui tente de se saisir d'un coq. C'était en effet courant d'offrir des coqs en sacrifice à Eshmoun-Esculape.
Durant l'époque romaine et paléo-chrétienne (64 av. J.-C. - 330 ap. J.C.) le site du Temple d'Eshmoun et ses eaux miraculeuses continuèrent d'attirer les pèlerins. Le sanctuaire fut à cette époque doté d'une voie processionnelle (13), de bassins d'ablutions et d'un nymphée dont il subsiste de vastes surfaces de mosaïques (15) et des sculptures représentant des nymphes qui en décoraient les niches.
A gauche en empruntant la voie romaine bordée de portiques et face au complexe du Temple, se trouve une vaste cour dont le sol est couvert des restes d'un pavement de mosaïque représentant les Quatre Saisons(14).
A l'extrémité occidentale du site, se trouvent les fondations d'une basilique byzantine qui marque la dernière période glorieuse du site d'Eshmoun(16).
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