Histoire de Sidon

(Sources Nina JIDEJIAN : L'Histoire du Liban à travers les images)

 

     Les Origines    Les Phéniciens    Époque Assyrienne    Époque Babylonienne

Époque Perse    Époque Grecque    Époque Romaine    Époque Byzantine

    Époque Arabe    Les Croisés    Époque Ottomane


Les origines


Établie en un point de la côte méditerranéenne habitée depuis le néolithique (6800 av. J.-C.), Sidon (sdn en phénicien) serait, d'après le Genèse, l'une des plus anciennes et des plus importantes villes cananéennes. Dans la généalogie de la descendance de Noé après le Déluge, les peuples, les tribus et les cités sont personnifiés ; on y évoque Sidon, le " premier-né de Canaan ". Son étymologie est d'ailleurs difficile. Parmi les propositions qui ont été faites, le premier nom serait attribué à son fondateur Saidoune Ibn Canaan ou encore au métier de la pêche (dieu Sid, racine sd ou swd signifiant " chasser " ou " lieu de pêche "). La cité issue d'une région de la côte Est de la Méditerranée fait partie d'un territoire plus large, connu sous le nom de " Phénicia " et compris entre Ashkelon au sud, Lattakia au nord et les montagnes avoisinantes. Dès le troisième millénaire, le besoin de débouchés maritime suscita l'implantation d'installations portuaires, développant par là même la taille des villes.
Les premières sources textuelles mentionnant Sidon sont les archives d'Al Amarna du XIVème et XVème siècles av. J.-C.. Ces tablettes contiennent deux lettres envoyées en 1400 av. J.-C. par la roi de Sidon Zimrida au pharaon Aménophis IV (Akhenaton) de la XVIIIème dynastie, puis à un haut fonctionnaire égyptien.
Plus t
Vase antique en verre fabriqué à Sidon et exposé au Musée National
ard en 700 av.J.-C., Homère la citera également dans l'Iliade : " ...et parmi les cadeaux que j'ai conservé dans ma maison comme trésor, je vous offre l'un des plus beaux, un vase coloré fait d'argent, dont les côtés sont décorés avec de l'or ; le combattant Fadimos, roi des Sidoniens me l'a offert quand il m'a invité chez lui. "

L'histoire de Sidon comme des autres cités phéniciennes a constamment oscillé entre liberté et sujétion. Certes, sa position géographique privilégiée sur le littoral a été à l'origine de son développement commercial comme de son ouverture sur le monde extérieur ; mais elle en a également fait un centre sans cesse convoité par les " conquérants " qui la saccagèrent à maintes reprises. Malgré ces transformations et les multiples civilisations qui s'y sont succédées, la cité saura conserver tout au long de l'Antiquité une identité et un caractère original. Elle s'appuiera sur son expérience de la mer, s'imposant dans les domaines de la pêche, du commerce comme de la transmission du savoir.

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Les Phéniciens

 

Expansion des Phéniciens à travers l'ancien monde

 

Entre 1900 et 1225 av.J.-C., la ville connut une grande expansion, étendant son influence dans l'ensemble du bassin méditerranéen. Dans le long conflit qui opposa les Égyptiens aux Hittites pour le contrôle de la côte syro-palestinienne, Sidon joua un rôle déterminant puisque, contrairement aux cités de Tyr, Bérûta et Byblos qui demeuraient loyales au pharaon, elle préféra en effet le camp des ennemis de l'Égypte, s'alliant notamment avec les Sagaz.
A cet instant Sidon jouait, avec Ugarit, le premier rôle, établissant des entrepôts au-delà de l'Euphrate, commerçant avec les peuples de la méditerranéens et se créant un véritable empire colonial. Très rapidement, elle se démarqua des autres cités phéniciennes par son activité économique et ses exportations de bois vers les pays environnants, se spécialisant notamment dans la fabrication des navires. Sillonnant ainsi de nombreuses mers, les marins de Sidon consolidèrent leurs relations avec leurs voisins à qui ils enseignèrent l'alphabet, établissant des relations en mer Égée, dans les Cyclades, en Crête et à Rhodes.
Chacune des villes du littoral habitées par les Phéniciens constituait de petits états, tous rassemblés autour d'un " conseil fédéral ". Sidon en représentait la capitale jusqu'à ce que Tyr lui succède en 1200 av. J.-C. . A cette époque de son histoire et contrairement aux autres cités phéniciennes, la cité de Sidon ne semble pas avoir comporté une agglomération urbaine principale appelée Sidon. En s'étendant au-delà du littoral, elle s'organisait en plusieurs secteurs plus ou mois urbanisés ; SIDON RAS YAM (" Sidon terre de la mer "), SIDON YAM (" Sidon-mer ") et SIDON SAAD (" Sidon-campagne ") couvraient en effet, entre les fleuves Awali au noQuelques coquillages de Murex, utilisés pour l'extraction de la pourprerd et Sainik au sud, toute la zone s'étendant des premières collines à la mer et son île.
Plus tard entre 812 et 814 av. J.-C., la première colonie phénicienne s'établit sur les côte de l'actuelle Tunisie, à Carthage. Les Romains entrèrent aussitôt en conflit avec eux pour le monopole du commerce en Méditerranée. Suivirent de nouvelles colonies phéniciennes à Chypre ( Keytoun), en Sicile,en Sardaigne et en Espagne, à Likyose précédant ainsi les Grecs qui s'installèrent à Iskia, sur la côte ouest de l'Italie. Sidon était alors réputée pour son industrie du verre soufflé et moulé. La présence du murex lui permit de découvrir la couleur pourpre et de l'utiliser dans la coloration des tissus. La cité dépassa alors toutes les autres villes phéniciennes, aussi bien en initiatives et richesses commerciales que par son rayonnement culturel et religieux.

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Époque Assyrienne

 

Les détails de cette époque nous viennent des inscriptions royales assyriennes et de l'Ancien Testament.Assurbanipal sur un char suivi de serviteurs
Pendant son règne, Assurnasirpal II conduit une expédition militaire contre Carchemish et la Phénicie. Les cités qui tentent de résister sont détruites. En 877 av. J.-C. le roi d'Assyrie atteint la côte méditerranéenne et oblige les cités phéniciennes à se soumettre et à payer tribut.
Ayant rassemblé tous ces tributs, Assurnasirpal emporte aussi à Ninive du précieux bois de cèdre du Liban. Désormais son règne est consacré à la construction de palais et de temples.
Pour protéger leurs intérêts commerciaux, les cités phéniciennes sont prêtes à payer tribut et à faire acte de soumission à l'Assyrie.
Les incursions assyriennes n'entravent en rien l'activité commerciale des cités phéniciennes et leur indépendance. Les tributs imposés peuvent paraître relativement insignifiants par rapport à la prospérité qui règne à cette époque dans les cités portuaires.

Dès son accession au trône d'Assyrie, Assarhaddon, fils de Sennachérib (680 - 669 av. J.-C.) mentionne un certain Adbimilkutte de Sidon qui se révolte contre lui. Assarhaddon fait grand cas de la conquête de Sidon. Le châtiment du roi doit servir d'exemple vivant à tous ceux qui nourrissent des idées de révolte.

Representation de l'epoque Assyrienne de la flotte Phénicienne

 

 

En 667 av. J.-C. la cité-Etat de Sidon s'étendait du Litani au sud jusqu'au-delà de Botrys (Batroun) au nord. La ville était très prospère comme l'indiquent les inscriptions assyriennes qui étalent la richesse du butin emporté en Assyrie.

Avant l'arrivée des Babyloniens à l'ouest, le commerce des cités phéniciennes avec l'Égypte est en plein épanouissement. Sous le règne du pharaon Necho (609 - 595 av. J.-C.) de la XXVIème dynastie, la flotte qui accomplit la circumnavigation da l'Afrique est conduite par un équipage phénicien. La présence phénicienne atteint là son apogée.

 

 

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Époque Babylonienne

 

Dans les textes historiques babyloniens il n'est fait aucune mention de Sidon, mais certaines indications peuvent être glanées dans l'Ancien Testament. Le prophète Jérémie parle de Sidon dans plusieurs passages.Belier en terre cuite de l'epoque Assyro-Babylonienne à Sidon

Sidon s'est remise du coup porté un siècle auparavant par Assarhaddon, roi d'Assyrie, mais ne peut quand même pas rivaliser avec Tyr. Ézéchiel parle de la richesse et du pouvoir commercial de Tyr au début du 6ème siècle av. J.-C. : " les habitants de Sidon et d'Arwad étaient des rameurs, et tes sages, ô Tyr, étaient à bord comme matelots". La destruction de Tyr et de Sidon est encore mentionné par Ézéchiel, annonçant au nom de dieu d'Israël : " je lui enverrai la peste, le sang coulera dans ses rues, des morts tomberont au milieu d'elle, sous l'épée levée contre elle ..."

Il n'y a aucune évidence de la destruction de Sidon par Nabuchodonosor. Ézéchiel néanmoins, donne une vision de Shéol et des nations qui y seront emprisonnées :" voilà tous les princes du Nord, tous les Sidoniens descendus avec ceux qui furent tués, malgré la terreur qu'inspirait leur force".

Il semble que les égyptiens ne purent se maintenir en Phénicie parce que Nabuchodonosor met le siège devant Tyr. Les forces babyloniennes campent pendant treize ans devant la ville et Tyr subit de grosses pertes. Le résultat de ce siège n'est pas claire, mais quels que soient les termes de traités de paix, les treize ans de guerre affaiblissent grandement Tyr. Les Sidoniens profitent de ce recul et reprennent pour un temps la suprématie dans le domaine commercial.

Après le retrait de Nabuchodonosor de la côte orientale de la Méditerranée, les habitants des villes portuaires abandonnent tout espoir d'indépendance et se consacrent à leur commerce. En 538 av. J.-C., le puissant empire babylonien s'écroule avec l'entrée des troupes perses dans Babylone.

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Époque Perse

 

Tétrashekel en argent frappé à Sidon representant le roi de Perse debout dans un char conduit par un aurige, suivi d'un personnage en habit orientalLe développement du commerce extérieur de la Phénicie et son importance régionale suscitèrent chez les pays voisins une convoitise évidente. Alors que la Période Néo-babylonienne demeure plutôt obscure et que la domination assyrienne qui suit fut marquée par l'annexion en 876 av. J.-C. des villes de Sidon, Tyr et Byblos, c'est au tour des Perses - dont on dispose d'importantes données - de reprendre dès 550 av. J.- C. le contrôle de la cité. L'apogée de la puissance maritime de Sidon qui avait apporté le soutien de ses flottes dans les guerres contre les égyptiens et les grecs coïncidera ainsi avec la domination perse achéménide, du VIème au IVème siècle av. J.-C., hissant la ville aux plus hauts rangs culturel, économique et social.

Les perses, qui avaient choisi de diviser le royaume en 20 départements, prirent Sidon pour centre; la Syrie, la Palestine et Chypre en constituaient le cinquième. Jamais, sauf exceptions, les relations entre Sidon et l'occupant perse ne furent des rapports de force. Au contraire même, sachant que le célèbre roi - Tabnit, Eshmounazar son fils, Bodashtart et d'autres - étaient les interlocuteurs du roi des perses, les Sidoniens étaient privilégiés à maintes reprises par rapport aux autres phéniciens.

Monnaie en argent émise à SidonCertes, certains rois tel que Tennes tentèrent de conduire une révolte pour acquérir l'indépendance. Mais au-delà de la répression d'Artaxerxés III et des règlements de compte au sein de la population sidonienne durant lesquels la ville fut détruites, le développement politique de la cité-Etat, la prospérité économique marquée par l'apparition de la monnaie, ainsi que le renouveau de l'art expliquent que plus que toute autre ville phéniciennes, Sidon connut son âge d'or à cette période de l'histoire.

La collaboration des rois de Sidon et de leur potentiel maritime aux campagnes Égypte et de Nubie, ont d'ailleurs prodigieusement enrichit la cité comme en témoignent les sanctuaires ou les nécropoles royales et leurs sarcophages anthropoïdes en marbre, découverts dès la fin du XIXème siècle par les premières missions archéologiques.

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Époque Grecque

 Alexandre le Grand

Contrairement à la domination perse qui n'avait pas produit d'acculturation à Sidon, respectant ainsi l'identité culturelle de ses habitants, la colonisation greco-macédonienne qui suivit fut précisément marquées par la tentative d'assimilation des pays conquis. A tel point que lorsqu' Alexandre le Grand parvient en Phénicie, après avoir vaincu Darius à Issos en 333 av. J.-C., les arts et lettres de la Grèce avaient déjà profondément imprégné la culture du pays. Sidon sortait d'une période faste, rayonnante culturellement mais affaiblie par les incursions successives. Dans ces conditions, elle ne put résister à la marche triomphale d'Alexandre.

 tête d'un anthropoide découvert à Sidon, coiffée à la grecque

tétradrachme en argent émise à Sidon au nom d'Alexandre le Grand: tête d'Héraclès portant la peau de lion, au revers, Pallas Athéna casquée, portant un bouclier et brandissant une lanceDe 220 à 64 av.J.-C. l'influence grecque fut marquée à Sidon par de nouvelles infrastructures (stade, agora, bains, ... ) dont il ne reste aucun vestiges. La langue grecque était en usage dans toutes les classes de la société, et beaucoup de phéniciens contribuèrent sous des noms helléniques, à l'essor de la science et des arts grecs.

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Époque Romaine

 Sarcophage sculpté en marbre représentant des épisodes du mythe de Marsyas

Avec la "pax romana" qui succède à l'époque grecque, les installations nouvelles relancent les anciennes activités, apportant ainsi leurs bienfaits aux ports phéniciens qui végétaient quelque peu depuis la conquête d'Alexandre. Durant les trois siècles de domination romaine (de 64 av. J.-C. à 330 A.D.) l'autonomie respectée par Marc Antoine, malgré les objections de Cléopâtre, permit à Sidon de bénéficier du statut de république. En jouissant des même droits que les citoyens de Rome, les Sidoniens disposaient ainsi d'une réelle indépendance. La Phénicie retrouve d'une manière générale une prospérité oubliée depuis près de dix siècles. En étendant son influence par delà le bassin méditerranée jusqu'à l'Atlantique, Sidon s'impose durant le premier siècle comme un véritable carrefour des arts et des sciences. Outre un renouveau de l'architecture marqué par l'extension dColonade Romaine au temple d'Eshmounu temple d'Eshmoun et de nouveaux équipements urbains, la cité hérite de plusieurs grandes figures de la pensée antique : philosophes, astrologues, mathématiciens ou médecins. Le sidonien Môkhos, fondateur de l'École de l'Atomisme, est le premier à avoir émis la théorie atomistique dans le sens moderne du terme. Selon la version de Jamblique sur la "Vie de Pythagore", le prestigieux philosophe et mathématicien serait né à Sidon de parents tyriens. D'autres se distinguèrent aussi dans les sciences abstraites et philosophiques; le philosophe Diodote de Sidon.

dans le contexte d'expansion du christianisme, Sidon, qui avait été avec Tyr parmi les premières villes à accueillir Jésus, est évoqué dans le Nouveau Testament : Saint Mathieu (XV, 21-28) place en effet "dans la région de Sidon et de Tyr" la guérison par Jésus de la fille d'une cananéenne. Saint Marc, lui aussi, place dans les environs de Sidon la guérison d'un sourd-muet (VII, 31-37), mais c'est à Sidon même, au cours d'une escale alors qu'il voguait pour Rome où il allait à sa demande comparaître devant l'empereur que Saint Paul, alors prisonnier, eut l'autorisation "d'aller trouver ses amis et recevoir leurs bons offices". (Actes, XXVII,3).

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Époque Byzantine

 

Le partage de l'Empire Romain par Théodose en un Empire d'Occident et un Empire d'Orient - byzantin -, marque dès la fin du IVème siècle le passage de Sidon aux mains des Byzantins. Après avoir apporté à la culture grecque et à la civilisation romaine une contribution considérable dans les divers domaines que nous évoquions - Lettres, Sciences, Droit, Architecture -, la ville va s'imposer entre les années 330 et 637 par sa production et sa distribution de la soie. Sidon aura le privilège d'accueillir l' École de Droit transférée par les Romains à la suite du tremblement de terre de 551 qui détruisit Beyrouth (Bétithe), jusqu'à ce qu'un nouveau séisme ne la rase à son tour en 572.

mosaique Byzantine trouvée au temple d'Eshmoun

 

Avec le VIème siècle et les querelles religieuses, les empereurs byzantins faiblissent face aux rois sassanides dont les armées déferlent sur la Phénicie en 613-614. C'est l'ensemble de la Syrie qui tombe aux mains des arabes.

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Époque Arabe

 

Sous le commandement de Yazid ibn Sufian, Sidon, comme bien d'autres cités de la côte, est conquise en 637. Faisant appel aux Omeyyades et aux Perses, ce dernier occupe les cités et renforce ses troupes contre les Byzantins. Les murailles restaurées et consolidées, les flottes reconstruites par les artisans des anciens ports phéniciens, Sidon devient une base militaire maritime. En 661 le gouverneur de la Syrie Moawiya, fondateur de la dynastie des Omeyyades et triomphant des partisans d'Ali, est proclamé calife. Sidon prend alors le nom de Saida et dépend désormais administrativement de Damas, devenue capitale des Omeyyades.

La Grande Mosquée de SidonC'est l'époque des premiers prédicateurs, Hicham al-Garachi (mort en 722), l'évêque Boulos al-Antachi (mort en 770), Hafiz al-Ghassani (mort en 1019), abed al-ghani,... Après un siècle de prospérité certaine dont auront profité le port, remis en activité à travers ses exportations de sucre et de verre, et l'agriculture, savamment mise en valeur par la culture de ses jardins et de ses plantations d'agrume, Saida doit faire face au déclin progressif des califes et au morcellement de l'empire.

Déjà en 969, la Syrie tombe aux mains des Fatimides du Caire. Les forces byzantines toujours présentent s'équilibrent avec ces dernières, jusqu'à l'apparition au XIème siècle des Turcs Seldjoukides. L'armée byzantine écrasée à Mantzikert (1071), Saida se prépare à connaître trois siècles d'invasions successives, trois siècles de batailles, de constructions et de destructions, épisodes successifs qui marqueront jusqu'à nos jours la physionomie de la cité méditerranéenne.

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Les Croisés

 

Chateau de la Mer, construit par les croisésLa première croisade se présente autant comme un pèlerinage que comme une guerre, ayant pour but la délivrance de Jérusalem. L'empire byzantin assailli par les turcs seldjoukides, lesquels en 1701 arrachent Jérusalem au calife Égypte La même année, ils infligent aux Grecs une défaite cuisante à la bataille de Manzikert, défaite dont l'empire byzantin ne se releva jamais complètement. Cette victoire donne aux Turcs seldjoukides le contrôle de l'Asie Mineure.
Les rivalités des émirs de Syrie, les dissensions entre les Abbasides et les Fatimides facilitent la marche des Croisés à travers la Phénicie. Ils s'emparent d'Antioche et arrivent devant Tripoli qu'ils assiègent. La ville capitule. Les Croisés continuent d'avancer le long de la côte, dépassent Jbeil et campent devant Beyrouth. Le jour suivant, ils arrivent à " Sarepta des Sidoniens " et poursuivent leur chemin vers Tyr. La route de la Ville Sainte leur est ouverte.
Après la prise de Jérusalem le 5 juillet 1099 Godefroi de Bouillon, duc de Lorraine, chef de la première Croisade, est proclamé roi, mais n'accepte que le titre " d'avoué du Saint-Sépulcre ". A sa mort, son frère, Baudouin Ier, comte d'Édesse, lui succède et prend le titre de roi.

Vue du château de terre

Sidon devient la principale seigneurie du Royaume Latin de Jérusalem. Le seigneur de Sidon a rang parmi les quatre vassaux de la couronne. Durant toute l'histoire du Royaume Latin de Jérusalem, Sidon est gouvernée par la branche aînée de la maison de Grenier, tandis que la branche cadette gouverne Césarée.
Le fief de Sidon est limité au nord par la vallée de Damour, au sud et à l'est par le fleuve Litani ; Les fiefs d'Adloun, Sarepta, Chouf et Jezzine en font partie. Le fief de Sidon est défendu par les forteresses de Beaufort et de la cave de Tyron.
Il n'y avait que deux châteaux à Sidon : le Château de la Mer qui se dresse sur une petite île au large de la côte et celui de la terre ferme complètement en ruines aujourd'hui et dont il ne reste que peu d'éléments architecturaux.
Le 7 avril 1118, Baudouin Ier meurt et son neveu Baudouin, seigneur d'Édesse lui succède sur le trône de Jérusalem. Il convoque sans délai les barons du royaume à Jérusalem pour prêter serment d'allégeance et Sidon le reconnaît comme le roi légitime.
En 1126 Sidon est menacée par la flotte égyptienne, qui remonte la côte jusqu'à Beyrouth. Là, elle subit une défaite et retourne en Égypte
En 1151, la flotte égyptienne attaque de nouveau sans succès Sidon, ainsi que d'autres villes côtières.
Un nouveau et puissant ennemi des Chrétiens apparaît à l'horizon : Salah al-Din Yussuf Ibn Ayyoub, dit Saladin. A la mort du dernier calife fatimide Nur-eddin en 1171, et grâce à l'incapacité de ses successeurs, Saladin élimine successivement tous ses rivaux en Syrie et dans la plus grande partie de la Mésopotamie. Il occupe une grande partie de la Syrie et la plupart des régions situés au-delà de l'Euphrate. Il réalise la plus large unité territoriale que la méditerranée orientale ait connue depuis l'arrivée des Croisés en encerclant le royaume de Jérusalem et les autres principautés franques.tour encore resistante à travers le temps du Château de la terre, ou Château Saint-Louis
En 1179, il vient à Sidon et dévaste tous les champs des alentours.
Trois ans plus tard Saladin est de nouveau dans le voisinage de Sidon ; il entreprend contre les Croisés des opérations plus ambitieuses afin de les rejeter à la mer.
A la bataille de Tibériade, le 4 juillet 1187, les Croisés sont écrasés. Saladin avance rapidement sur les autres villes côtières.
Quittant la citadelle de Tibnin au sud de Banias, il marche sur Sidon, dont il s'empare dès son arrivée et y hisse sa bannière. Il organise le gouvernement puis marche sur Beyrouth. En 1193, Saladin meurt. Les conflits qui divisent ses successeurs laissent pour plusieurs années les Chrétiens en paix.
La première mention d'un pèlerinage en Terre Sainte est faite en 333. Un pèlerin de Bordeaux nomme Sidon mais ne fournit aucune information précise. Puis les écrits d'autres pèlerin passant par Sidon en route pour les lieux saints nous renseignent sur l'histoire de la cité.
Durant la croisade de Frédéric II, empereur du Saint Empire Romain, Malik al-Mu'azzam, gouverneur de Damas meurt en novembre 1227. Cette mort soudaine pousse les Croisés établis à Acre, à attaquer et à réclamer la totalité de Sidon, dont une partie était sous la juridiction de Damas. Ils espèrent pouvoir restaurer les anciennes fortifications puis finissent par renforcer l'île de Kala't al-Bahr située à la sortie du port. Ils forcent les musulmans de Damas à quitter la partie de la ville qu'ils détiennent.
Le château de la Mer à Sidon fut construit durant l'hiver de 1227 jusqu'en 1228 sur un rocher. Vers la fin des Croisades il était indispensable d'élever des châteaux le long de la côte pour protéger les ports, assurer la sécurité des hommes et les approvisionnements venant d'Europe.
A la nouvelle de l'arrivée en Terre Sainte de Frédéric II, les croisés quittent Acre et se mettent en route vers Sidon. Ils utilisent les récifs et des vestiges d'anciennes fortifications du port, pour bâtir un château. Ils élèvent deux tours réunies par un mur et reliées à la terre par un large pont. Le château de la Mer de Sagette est parmi les quelques constructions du temps des Croisés qui ont survécu aux ravages des hommes et du temps.

Au printemps de 1291, les forces Mamelouks sous le commandement de Malik al-Achraf Khalil remontent la côte. Acre se rend, suivie de Tyr. Vers la fin juin Sidon aussi est occupée bien que le château de la Mer soit resté aux mains des Templiers jusqu'au 14 juillet. Beyrouth se rend le 31 juillet. Tout ce qui reste aux Croisés après avoir abandonné Tartous, est l' île de Rouad (l'Aradus classique) à deux milles de distance de la côte.

En dépit des différents récits laissés par les pèlerins allant en Terre Sainte et les géographes arabes, postérieurs à 1291 Sidon joue un rôle politique et commercial insignifiant. Elle subit le contrecoup des désastres endurés, durant la période des Croisades et ne retrouve jamais sa splendeur passée. Bien que rebâtie et fortifiée Sidon n'est plus considérée comme une ville importante. Il ne reste que des fragments de piliers en marbre dans les jardins et de vastes nécropoles pillées pour témoigner de sa grandeur passée.

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Époque Ottomane

 

Fakhr ed-Din II, portrait fait à ToscaneLorsque Fakhr ed-Din II Maan fut nommé émir du Liban (1598-1635), il décida de recouvrer les territoires et villes sous contrôle des Ottomans, y compris Sidon. Le gouvernement ottoman décida d'écarter Fakhr ed-Din et l'exila en Italie en 1613. Ce portrait de l'émir se trouvait à l'origine à Florence, dans la palais Vecchio, résidence de Cosmos II de Médicis, où l'émir déchu fut accueilli. Ce dernier est représenté vêtue d'une robe et coiffé d'un turban simple. Le portrait original fut égaré, mais une lithographie figure dans l'ouvrage de Mariti, Istoria di Facardino, publié à Livourne en 1787. C'est le seul portrait de l'émir connu à ce jour. Lorsque quelques années plus tard, Fakhr ed-Din regagna son pays, il rallia une armée composée de druzes, de maronites, de sunnites et de chiites, représentant les différentes ethnies du Liban du dix-septième siècle. Il remporta une victoire éclatante sur l'armée ottomane dirigée par Yousouf al-Saifi, le 1er novembre 1623, à la bataille de Anjar et put réaliser le rêve qu'il caressait toute sa vie : la création d'un Liban autonome et prospère.
Sidon, jadis sous l'influence ottomane, devint la capitale de l'émir Fakhr ed-Din. Des architectes italiens furent chargés de l'agrémenter d'un palais, de bâtiments publics et de jardins. Les plaines au-delà de la ville furent peuplées de mûriers, et Sidon devint un centre important d'industrie de la soie. Pour encourager les échanges, Fakhr ed-Dinn fit élever un grand khan où les négociants français disposaient de boutiques et de dépôts. Mais cet essor fut éphémère, et le trafic commercial, canalisé vers Sidon, cessa lorsque Fakhr ed-Dinn obstrua le port pour empêcher les navires de guerre ottomans de débarquer. Il fit couler de vieux vaisseaux chargés de pierres et déversa dans la mer rochers et débris. Le commerce de Sidon fut paralysé, car seul le port intérieur était accessible aux petites navires.

Khan el-Franj, ou Caravanserail des Français

Le " Khan des Français " abritait les habitations et les dépôts des négociants français de Sidon, qui s'étaient établis dans des affaires fructueuses dès le 17ème siècle. Lorsque, en 1697, Henry Maundrell s'arrêta à Sidon, il fut accueilli par plusieurs de ces négociants, " possédant ici leurs plus importantes manufactures d'Orient ". Richard Pococke fut reçu au 18ème siècle par les négociants de Sidon : " je fus reçu avec amabilité par les négociants français, et ils m'offrirent un jour, dans un jardin, une collation à l'ombre d'un abricotier qu'ils secouèrent en faisant tomber sur nous tous les fruits, en signe de leur prospérité et de leur richesse".
Ahmad al-Jazzar se montra cupide et tyrannique lorsqu'il fut nommé pacha de Sidon en 1773. Il s'installa à Acre et de là taxa impunément les habitants de Sidon. En 1791, les négociants français de la ville soumirent une pétition au sultan, accusant al-Jazzar d'injustice. Sous le coup de la colère, le pacha chassa les négociants de la ville. L'activité commerciale française fut transférée à Beyrouth et à Tripoli, et les échanges avec Sidon cessèrent. Selon un rapport consulaire français, un seul navire français s'arrêta dans le port de Sidon pendant une période de sept années, et ce parce qu'orage l'y avait contraint.


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